Un blog, 10 ans après...

Publié le par Ephedra

Lorsque j’ai commencé ce blog, il y a plus de 10 ans, nous étions encore dans un phénomène naissant, qui commençait tout juste à frémir. Les sites n’étaient pas aussi nombreux qu’aujourd’hui, beaucoup plus amateurs, et les bloggeurs et bloggeuses étaient bien moins médiatisés qu’aujourd’hui. Le terme d’« influenceur » n’existait pas encore.

 

Visuellement, graphiquement, on trouvait des choses beaucoup plus simples et plus basiques (un peu comme ce blog, en fait), très souvent réalisées avec des logiciels gratuits sur des plateformes d’hébergement collectives. Rarissimes étaient ceux qui avaient leur propre nom de domaine, et Wordpress n’était pas du tout développé et démocratisé comme il peut l’être aujourd’hui.

 

Les partenariats débutaient, mais pas sur des registres aussi lucratifs et organisés qu’ils peuvent l’être désormais.

 

La place et le statut social des bloggeurs n’était pas les mêmes non plus. Il y avait moins de mise en avant et de mise scène des individus, les blogs n’étaient pas forcément couplés à une chaîne Youtube, une page Facebook, un compte Twitter et un compte Insta, et l’on n’assistait pas encore à la presque « starisation » que l’on atteint parfois maintenant. Enfin, je n’ai pas ce souvenir-là…  

 

Aujourd’hui, certains bloggeurs et bloggeuses sont devenus des businessmen et -women, qui gèrent leur capital et leur image comme une marque, et qui « pèsent » en termes de nombre de followers…  Certains ont des agents et/ou des assistants pour les relayer dans les relations avec leur communauté, les représenter dans la négociation de contrats ou les accompagner sur le développement de tel ou tel projet. Selon les spécialités, des partenariats parfois assez juteux se nouent, avec des grandes marques de cosmétiques, de mode, d’automobile, d’hôtels, des compagnies aériennes… Les bloggeurs qui comptent dans leur domaine sont invités dans des soirées où ils côtoient les VIP dont ils parlent, ils bénéficient d’invitations en front-row aux défilés, dans les tribunes d’honneur pour les matchs, ou encore de voyages et de séjours gratuits dans des hôtels prestigieux. Parfois ils sont même payés en plus pour cela. Ils sont sollicités pour effectuer des collab’ avec des marques reconnues, participer à des créations spéciales… Pour les plus « bankables », les blogs sont devenus des entreprises, au sens économique du terme, qui ont permis à leurs créateurs de quitter leur boulot à côté, pour ne faire plus que cela. « Bloggeur » est presque en passe de devenir un nouveau métier, qui apparaîtra peut-être un jour dans les codes ROME de Pôle Emploi, entre journaliste et développeur web ou infographiste.

 

C’est que, mine de rien, la gestion d’un blog en appelle à de nombreuses qualités. Leurs créateurs sont souvent devenus des gérants polyvalents, qui ont développé « sur le tas » des compétences au final parfois très professionnelles, sur le registre de la photographie, du montage vidéo, de la rédaction, du community management, du traitement de l’image et du son, en plus de connaissances pointues dans leur domaine d’expertise (sport, mode, beauté, cuisine, cinéma, littérature, lifestyle…).

 

Evidemment, même si de façon générale, pris dans cette dynamique de croissance qualitative, les blogs ont tendance à être globalement plus « pro » aujourd’hui qu’hier, les « stars du blog » n’en demeurent pas moins minoritaires. La majorité des bloggeurs cherchent avant tout à se faire plaisir en ayant la possibilité d’échanger sur leurs centres d’intérêt ou sur leurs passions, voire au mieux en bénéficiant de temps en temps de quelques avantages en nature (exemplaires de presse pour les livres, places de cinéma gratuites, produits de beauté à tester…). Plus les blogs sont amateurs, moins ils sont « tenus » par autre chose que leur auteur, et donc plus ils sont exposés à ne durer que le temps du seul intérêt que ce dernier a à les alimenter, vu qu’il n’y a pas ou peu d’« à-côté ». J’avais plusieurs blogs « amis » en liens, à l’époque où j’ai créé le mien. Tous ont disparu depuis.

 

J’avais écrit ici pourquoi j’avais créé ce blog. Il m’a tenu compagnie à une époque où je venais d’emménager dans une ville un peu tristoune, et il a été le compagnon de fortune de quelques soirées d’ennui. Je n’ai jamais vu en lui autre chose qu’une façon de pouvoir échanger avec d’autres, à partir de sujets qui m’intéressaient, développés en fonction de mon humeur et du moment, sous la forme d’une sorte de journal très libre, qui m’a par ailleurs permis de faire de beaux échanges avec de parfaites et parfaits inconnu(e)s un peu partout dans l’espace francophone.

 

Une nouvelle formation dans le cadre d’une réorientation professionnelle est l’occasion de le réactiver. Je le reprends là où je l’ai laissé, et surtout de la même façon, sur un registre très subjectif, et parfaitement assumé comme tel. Je n’ai pas envie d’en faire autre chose ou de lui donner une autre inflexion. D’autres supports existent, qui correspondent mieux à mes attentes sur un registre professionnel. Je n’ai jamais souhaité le revendiquer pour autre chose que ce qu’il est, c’est pourquoi j’avais fait le choix de l’écrire sous pseudo. Parce que c’était un peu la tradition à l’époque, mais aussi parce que l’anonymat me permet de maintenir une frontière entre différents types d’écriture et différents espaces de ma vie.

Publié dans Pourquoi un blog

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